La Chanson de Roland
Voilà une chanson de geste (du latin res gestae: les choses réalisées, les exploits) que tout le monde connaît, du moins partiellement. En effet, qui n'a jamais entendu parler de la bataille de Roncevaux et de la mort de Roland?
Mais ce récit est un régal à lire (du moins dans cette édition abrégée): bien sûr, la valeur de Roland est amplifiée par le registre épique, mais la bataille, chose logiquement repoussante, se trouve sublimée, magnifiée par la description des armes et des armures: celles-ci ne sont qu'or et gemmes, et leur éclat rejaillit sur les combattants.
Mais cette oeuvre, ô combien manichéenne, est également le récit d'une trahison et d'une vengeance; et ces parties du récit sont bien moins célèbres que la mort du héros.
Elle est, de surcroît, le témoignage de la sensibilité d'une époque, le Moyen-âge: le conteur souligne la valeur, le courage et le patriotisme (vertu bien désuète aujourd'hui!) des combattants; leur passion est telle qu'ils sont capables de donner leur vie pour leur pays, la "douce France" ou de périr de chagrin (que ce soit un homme, le roi Marsile, ou une femme, Aude).
Cette chanson relate bien sûr des combats de religion, entre les Chrétiens et les Sarrasins, et loue la religion catholique: elle souligne la valeur de l'archevêque Turpin, la piété des combattants chrétiens, leur dignité face à la mort, l'intervention des saints pour transporter leurs âmes... ainsi que la nécessité pour les "vrais croyants" de convertir les "païens": pour preuve, voyez la conversion finale de la reine Bramidoine. Toutefois, le félon est bel et bien un Franc, et les Maures de vaillants adversaires, ce qui vient nuancer le manichéisme du conteur.
On retrouve en outre avec plaisir tout un vocabulaire médiéval qu'on croyait oublié, mais qui trouve un écho au fond de nos mémoires... C'est comme un parfum d'enfance qui ressurgit, venu tout droit de nos cours d'histoire de primaire ou de collège...
Et le vrai plus de cette édition, c'est la présentation en couleurs des vitraux de la cathédrale Notre-Dame de Chartres, qui nous offre un mini-voyage dans cette ville: quelles splendeurs s'étalent sous nos yeux! La vivacité des couleurs rivalise avec la précision des dessins et nous donne envie de (re)découvrir tout notre patrimoine pictural et artistique.